Quand le bonheur devient officiel [Hatsu - Aedan]

J'étais partie tôt ce matin. Mais avec un immense sourire, un sourire déterminée vu ce que j'avais prévu de faire aujourd'hui

Avant de partir, le petit déjeuner, nous l'avions pris tous les trois ensemble, comme tous les jours depuis cette soirée ou j'avais retrouvé Aedan blessé et écroulé sur mon parvis …
si les premiers avaient était difficile, maintenant ce moment là était parmi les plus agréables que je connaissais depuis bien longtemps. Oui, cela avait changé bien des choses. Si adopter Hatsuharu avait été un bouleversement de bonheur dans mon monde, l'arrivée d'Aedan avait fini de compléter et combler mon monde
Cela fut dur pour Hatsu, voir même un peu compliqué à comprendre au début mais bien vite, mon petit protégé s'attacha à Aedan, le considérant bientôt dans un nouveau membre de la famille. Je m'attendais presque à ce qu'il finisse par l'appeler papa maintenant … d'ailleurs, j'allais finir par acheter un futon plus grand encore parce que parfois, à trois, nous étions un peu serré sur mon futon. J'avais trouvé ça étrange la première nuit mais au final, c'était terriblement agréable, des contacts juste ainsi … ses moments … je découvrais une sorte d'autre vision du monde avec eux et j'aimais cela … je retrouvais le bonheur que cela pouvait être d'avoir une famille, un grande famille. Avec Aedan maintenant, beaucoup de choses étaient plus simples. Il pouvait m'aider à garder Hatsu, faire en sorte qu'il ne soit jamais entièrement tout seul, qu'il puisse voir d'autres personnes. Il s'épanouissait aussi à ses côtés … et je trouvais ça bien qu'il soit ainsi en confiance en présence d'une autre personne …

Oui … je ne l'avais pas cru à  mon arrivée, et encore moins après mon passage dans la demeure Ankoku mais aujourd'hui … je m'étais reconstruit un petit monde … un jolie petit havre de paix dans lequel j'étais heureuse … Kenshin serait tellement fier de moi …
Ce n'était encore que la matinée alors que j'arrivais à l'endroit ou j'avais rendez vous. Une maison dans les résidences du quartier Yuufuku. Une jolie maison un peu à l'écart qui semblait très agréable à vivre. Doucement, je frappais à la porte, une jeune fille vient m'ouvrir, une jeune ainoko avec des oreilles de loups sortant de sa chevelure noire, une jeune fille qui m'ouvrir, la mine un peu fatigué, peut être inquiète, je ne savais pas réellement … je lui souriais avant de la saluer :

-Bonjour Miyuki, comment allez vous aujourd'hui ?




La soirée était bien entamée alors que j'avançais dans les rues, presque prête à sautiller tellement j'étais heureuse. J'avais un sourire immense, réellement. J'étais si heureuse. Tout le chemin, j'avais réfléchis à comment lui annoncer, leur annoncer. Annoncer cette si grande nouvelle. J'avais toutes sortes de scénarios en fait, au moins une centaine … j'étais si proche du magasin et je trépignais sur place … J'avais tellement hâte, tellement hâte.
En fait, je fini par réellement sautiller avant de rejoindre la porte de la boutique et de l'ouvrir d'un coup, tout sourire, rayonnant littéralement alors que je les appelais :

-Les garçons ! Hatsu, Aedan … Où êtes vous ?

Je les entendis parler et me dirigeais directement vers eux, dans la cuisine. Presque aussitôt, je pris Hatsu dans mes bras, avant de poser un baiser sur son front et j'offris le même bisou sur le front à Aedan avant de m'asseoir à côté d'eux

-Vous m'avez manqué, ça fait du bien de rentrer à la maison …

Sur la table, je voyais un théière qui semblait encore chaude et j'eus un soupir de plaisir

-Oooh, et en plus, vous avez fais du thé, vous êtes des amours …

Je me pris une tasse avant de m'installer à nouveau et de m'en servir une tasse. Il était à la température parfaite …

-Hmmm à croire que vous aviez prévu que j'arrive précisément à ce moment là … il est vraiment délicieux …

J'attendis encore un instant avant de les regarder tout les deux avec un grand sourire. Je fis signe à Hatsu, lui proposant dans un geste silencieux de venir contre moi me faire un calin, s'il le voulait.

-J'ai une grande nouvelle à vous annoncer les garçons …

Doucement, je posais l’enveloppe sur la table. Une enveloppe sans aucune mention ou quoique ce soit, juste vierge et fermée.

-Aedan, c'est pour toi ….

Je ne savais pas si c'était la meilleure méthode mais il fallait lui annoncer, c'était une grande nouvelle après tout … le début d'une nouvelle vie … qui s'annonçait meilleure pour tous.

Il était tôt, beaucoup trop tôt lorsque Neyra les extirpa du lit. Aedan se serait bien enroulé dans les draps pour ne plus jamais en sortir, il était encore fatigué. Toutefois, malgré cette courte nuit, il suivit Neyra et Hatsu dans la cuisine, trainant des pieds. Si ses soirées étaient beaucoup plus calmes que celles des dernières semaines, les cauchemars revenaient le tourmenter de temps à autre, l’empêchant de fermer l’œil. Alors il regardait le plafond et les images de son passé défilaient devant lui. Afin de ne plus y penser, il se blottissait contre Neyra, passant son bras sur son ventre et touchait du bout des doigts, le corps d’Hatsuharu. Lorsqu’il était au service de Momiji, Aedan avait toujours été obligé de dormir seul, son maître le renvoyant toujours dès qu’il en avait terminé avec lui. Ainsi, sentir la présence et chaleur d’autres êtres vivants près de lui l’apaisaient et l’aidaient à s’endormir plus rapidement.

Les premiers jours dans cette demeure n’avaient pas été faciles. L’humain avait dû s’adapter à un nouvel environnement, il avait d’ailleurs très bien remarqué que le jeune ainoko n’acceptait pas sa présence. Il sentait qu’il ne voulait pas de lui près de Neyra mais Aedan s’en moquait. De sa nature joviale, Aedan en avait usé. Au fil des jours, il avait retrouvé ce sourire qui lui allait si bien, il avait recommencé à rire à pleine gorge et son œil s’était adouci, gardant cette lueur malicieuse en longueur de journée. Il s’était rapproché d’Hatsuharu, le prenait dans ses bras même s’il ne le voulait pas, il voulait qu’il l’aime parce qu’il appréciait ô combien cette innocence et cette pureté qui se dégageait de tous ses pores. Il se fichait de savoir si ses étreintes le dérangeaient, Aedan continuait toujours sur sa lancée, ne lâchant jamais le morceau, mais, finalement, Hatsu avait fini par accepter sa présence, lui réchauffant le cœur plus que de raison.

Lorsque Neyra s’en était allée, il avait tourné rapidement la tête vers son ami et avait esquissé un sourire espiègle. Il s’était ensuite jeté sur lui pour le renverser sur le sol et finalement, laisser ses mains courir sur ses côtes pour le chatouiller. Aedan riait, il retrouvait peu à peu cette joie de vivre qui le caractérisait et dès qu’il était avec eux, il parvenait à faire reculer les souvenirs de Momiji et Kagura qui le hantaient encore aujourd’hui. Il lui arrivait parfois de regarder dans le vide, son sourire s’effaçant pour qu’une mine profondément triste apparaisse sur son visage mais Neyra n’était jamais loin et ne lui laissait jamais le temps de vraiment réfléchir. Il lui avait d’ailleurs raconté chaque détail de son passé. Il lui avait parlé de son premier maître, d’Ushio Shikai ainsi que de ses longues années passées près du chat des sables. Momiji lui manquait mais il savait qu’il ne retournerait jamais sur sa décision.

Au bout de quelques minutes, Aedan arrêta de torturer Hatsuharu avant de le tirer par le bras. « Viens, on va aux bains ! Je pue… » dit-il simplement en rigolant.

Neyra ne leur avait rien dit, elle avait voulu garder cette soi-disant course, secrète mais elle finirait bien par tout leur avouer, n’est-ce pas ? Aux bains publics, Aedan shampouina le singe en face de lui et s’esclaffa en voyant sa mine si mignonne et puis… il eut une merveilleuse idée. Une idée qui ferait peut-être rager Neyra mais qu’il trouvait déjà parfaitement divertissante. Son œil pétilla de bonne humeur et d’amusement. Un sourire en coin, il chuchota sur le ton de la confidence.

« Hatsu… Ecoute-moi bien ! On va jouer à un jeu ! » déclara-t-il en essayant de ne pas mourir de rire. Il se mordit la langue, posant son index sur ses lèvres. « Ça s’appelle… Hmm… Appelle-moi Beau Gosse ! Donc comme c’est moi qui ai commencé, tu dois essayer de m’appeler Beau Gosse à partir de maintenant. T’es d’accord ? En échange, je te ferai des bisous à chaque fois que tu réussiras. Tu veux essayer ? » demanda-t-il en posant sa main sur la tête de l’ainoko, lui souriant gentiment.

Il se réjouissait déjà de voir la tête de Neyra lorsque Hatsu l’appellerait par son nouveau surnom… Ainsi, tout au long de la journée, Aedan essaya de temporairement changer son nom. À chaque fois qu’il réussissait, l’humain prenait son ami dans ses bras pour lui faire un énorme bisou sur les lèvres. Ils ne restèrent pas longtemps aux bains mais sur le chemin du retour, il s’attela à la tâche. Il fallait qu’Hatsu réussisse avant l’arrivée de Neyra.

Les heures étaient passées et Aedan regardait à travers la fenêtre, la nuit tombait et il commençait à s’inquiéter. Il posa son œil sur Hatsu dans ses bras avant de lui sourire gentiment. « Dis… On prépare le thé ? Je pense pas que Neyra va tarder !  Il desserra son étreinte pour se lever et se mettre à la tâche. Les deux hommes venaient tout juste de poser la théière sur la table qu’il entendit des pas s’approcher de la porte. Aedan se laissa tomber sur les coussins, entraînant Hatsu dans sa chute avant de le le serrer contre son torse et de lui chuchoter à l’oreille : « N’oublie pas notre jeu… » Il lui fit un bisou sur la joue avant de lever les yeux vers la jeune femme. Ouvrant les bras pour libérer le jeune ainoko, Aedan sourit à sa cousine.

« Bonsoir Neyra ! Bienvenue chez toi ! » s’exclama-t-il alors qu’elle lui embrassait le front.

Il la laissa se servir une tasse de thé avant d’en faire de même pour Hatsu et lui. Relevant la tête vers elle, Aedan l’observa, sceptique. Que comptait-elle leur annoncer ? Il reposait la théière alors qu’elle lui tendait une enveloppe. Arquant un sourcil, son œil fit des aller-retour entre la jeune femme et ce papier. Il n’avait aucune idée de ce que cela pouvait être. Buvant tout d’abord une gorgée de thé, il ouvrit ensuite l’enveloppe pour en sortir les feuilles qu’elle contenait. Sa pupille commença par parcourir une lettre.

Son cœur se serra alors qu’il lisait les mots de Miyuki à son encontre. Elle lui offrait cette nouvelle vie comme pour s’excuser de lui avait pris son bonheur, précisant qu’elle serait toujours là pour lui. Toutefois, Aedan ne comprit pas tout de suite ce qu’elle insinuait. Le second document lui fit lâcher les autres qui s’échouèrent sur ses genoux. Il le relut plusieurs fois avant de relever le visage vers Neyra, la voix tremblante, les larmes à l’oeil. Tout comme ce soir où ils s’étaient rencontrés, il n’arrivait pas à y croire :

« Tu… Je… Je t’appartiens ? » arriva-t-il à articuler, incrédule.

L’arrivée d’Aedan dans la maison n’avait pas été de tout repos, au début Hatsu n’avait pas comprit, enfin si il avait comprit ce que Neyra lui avait expliqué mais il avait eu du mal a s’y faire. Quand Hatsu était arrivé Neyra lui avait donné une chambre et Aedan lui, avait le droit de dormir avec elle. Bien sûr Hatsu allait la rejoindre quand il faisait des cauchemars mais l’humain avait le droit d’y être toujours et Hatsu s’était senti… jaloux. Meme s’il avait été incapable de mettre un nom sur ce qu’il ressentait.

Il avait fallu plusieurs jours pour que cela se calme, Aedan était gentil, très gentil, il lui faisait plein de calin. Au début Hatsu ne voulait pas mais finalement il y avait prit goût et il avait commencé à l’apprécier. A présent il aimait bien aller se blottir dans les bras de l’humain pour avoir un calin. Et la nuit quand il lui arrivait de faire des cauchemars il allait parfois s’installer entre lui et Neyra afin d’être totalement rassuré.

Aujourd’hui Neyra les avaient laissé seul ensemble, mais cela n’effrayait plus Hatsu. Et il s’était vite retrouvé au sol a rire sous les chatouilles que lui faisaient l’humain jusqu’a ce que celui ci arrête. Quand Aedan parla de bain il hocha simplement la tête, il lui faisait assez confiance pour aller dehors avec lui à présent.

c’est justement aux bains que Aedan lui proposa un jeu, Hatsu écouta les règles, n’imaginant pas une seconde que l’humain lui faisait une blague. Mais c’était drôle de jouer, en plus il aurait encore plus de bisous.

D’accord veut bien beau gosse

Il ne comprenait pas trop en quoi c’était drôle mais ce n’était pas grave il était content.
Tout le reste de la journée ils jouèrent à ce jeu et chaque fois il avait droit à un gros bisou. C’était même un bon moyen d’avoir des bisous en fait.

Le soir arriva et Neyra n’était toujours pas là, heureusement que Aedan était avec lui pour le rassurer car Hatsu s’inquiétait un peu. Il hocha la tête, d’accord pour faire du thé, il regardait l’humain faire et essayait d’apprendre aussi.
Au moment ou il entendit les pas il voulut aller retrouver Neyra mais il ne lui en laissa pas le temps et Aedan l’entraina avec lui sur les coussins, dans ses bras.

Ney !

Hatsu lui fit un gros calin heureux de la voir revenir et resta contre elle. La suite de la conversation il l’écouta sans tout comprendre. Il vit Aedan sortir les papiers de l’enveloppe mais il ne savait pas suffisamment lire pour comprendre de quel type de papier il était question. Il les regarda tour à tour, curieux.

Ney, est quoi ?

Revenir à la maison, quelle joie c'était pour moi … retrouver la douceur d'un foyer où je savais qu'on m'attendais, qu'on allait m'accueillir à coup de bisou et de calin … et de thés … Oooh les amours ! Il embaumait toute la pièce et même le salon de tatouage. C'était tellement agréable de rentrer et de les retrouver, encore une fois en train de se faire un calin. Aedan était vraiment un petit  nounours … c'était trop mignon de le voir toujours avec Hatsu dans ses bras. Ça me donnait vraiment l'impression d'avoir … une famille.
J'avais tellement hâte de leur dire … même jusqu'au dernier moment, des idées de scénarios me vinrent encore à l'esprit alors que je venais leur embrasser le front.

« Bonsoir Neyra ! Bienvenue chez toi ! »

-Merci mon petit chou. L'accueil y est plus que parfait.

Et ce fut le tour de mon petit Hatsu de venir dans mes bras, de venir se lover contre moi. Il était plus grand et si fin … mais j'adorais le savoir contre moi, le sentir contre mon cœur … et surtout sentir maintenant que ce n'était plus par peur qu'il faisait cela. Je m'installais autour de la table et le petit singe s'installa contre moi. Je passais l'un de mes bras autour de lui alors que Aedan servait du thé dans deux tasse. Alors, je ne tenais plus … je devais lui dire, lui montrer, je devais …
Alors, je n'attendis plus, sortant l'enveloppe pour la tendre à ce jeune rouquin. Je le laissais en découvrir le contenu tout seul. Il devait … tout voir tout seul ce qu'il s'y trouvait. Entre les papiers, il y avait une lettre que la jeune fille que j'avais vu cette après-midi lui avait écrit … elle avait manqué de pleurer pendant cela d'ailleurs … d'ailleurs, alors qu'il lisait ses lignes, il semblait pas loin de son même état. Puis, il eut LE papier en main … ce papier qui m'avait prit la journée, pour lequel j'avais un peu lutté. Le papier qui fit apparaître des larmes à l'oeil d'Aedan. Il releva les yeux vers moi, comme choqué, je reconnaissais ce visage, il avait cette même expression que le jour où il était arrivé … où il avait comprit qui nous étions … quel lien nous avions. Hatsu lui était tout perdu, je posais un baiser sur son front alors qu'il me posait une question...  

Ney, est quoi ?

Je le serrais un peu plus fort contre moi alors qu'Aedan arrivait enfin à parler … sa voix … roooh, ça me fendait presque le cœur … mince, je n'aurais pas dû faire ainsi, c'était idiot …

-Aedan …

« Tu… Je… Je t’appartiens ? »

doucement, je me penchais, tenant toujours Hatsu contre moi, je me penchais au dessus de la table pour porter ma main à sa joue, essuyant avec douceur les larmes qui coulaient le long de son visage. Mon visage s'était aussi un peu décomposé … je n'allais pas pleurer mais le voir ainsi, oui, mes yeux commençaient à briller. Ma main caressait sa joue avec toute la tendresse que je pouvais lui offrir avant que je hoches lentement la tête.

-Oui Aedan … je t'avais promis que je te laisserais pas et voilà. Maintenant, tu peux rester aussi longtemps que tu le voudrais. Tu peux rester avec nous … Tu es ici chez toi maintenant ...

Je tournais les yeux vers Hatsu avant de murmurer au petit singe un peu perdu :

-Aedan va pouvoir rester avec nous maintenant.

Je souriais un peu plus avant de dire en riant presque :

-Et je crois qu'il va falloir que je nous prenne un plus grand futon, parce qu'on est un peu à l'écart dessus, surtout que tu remues dans ton sommeil, murmurais-je au petit rouquin, voulant tenter de lui rendre le sourire.

Oui, aujourd'hui, c'était une vieille page qui se tournait pour qu'on en écrive une nouvelle à nous trois. Un chapitre tout neuf s'ouvrait à nous. Il ne restait plus qu'à prendre la plume.

La journée s’était merveilleusement bien passée. Son œil brillait d’amusement à chaque fois que Hatsu utilisait son nouveau surnom. Le récompensant d’un baiser, il tapotait ensuite sa tête. Ce jeune homme était tellement mignon et innocent, il se réjouissait de l’avoir rencontré. Même si Aedan avait cru déranger le calme de cette demeure de part sa présence, le jeune singe avait finalement accepté qu’il soit constamment avec eux, venant dans ses bras sans même avoir besoin de l’y obliger. Il appartenait encore à Miyuki mais il avait l’impression d’avoir retrouvé un foyer, cet endroit précieux qui lui réchauffait le cœur.

Lorsque Neyra revint finalement chez elle, Aedan l’accueillit comme il se fallait et comme il en avait l’habitude de faire. Hatsu alla se lover dans les bras de sa maîtresse, même si parfois, il avait surtout l’impression qu’elle agissait comme sa mère. La tatoueuse était une femme si douce, si chaleureuse et généreuse qu’il lui était difficile de se dire que Hatsu était son esclave. Ces vingt dernières années, Aedan avait eu quatre maîtres différents et si Miyuki lui offrait énormément de liberté, il n’arrivait pas à la considérer comme sa maîtresse. Néanmoins, il avait été clairement la propriété des hommes auxquels il avait appartenu. Momiji avait été plus complaisant, lui offrant plus de liberté, mais il se devait de suivre ses ordres à la lettre. Peut-être que les femmes étaient beaucoup plus douces ? Il ne le savait pas.

Les étreintes et baisers échangés, Neyra finit par leur avouer qu’elle avait une annonce très spéciale pour les deux garçons. Curieux, mais sceptique, Aedan s’empara de l’enveloppe qu’elle lui tendait. Il ne se serait jamais attendu à ce qu’il y découvrit. Son œil parcourant la lettre de Miyuki, il ne comprit pas tout de suite de quoi elle voulait parler jusqu’à qu’il découvre le certificat de donation. Son cœur manqua un battement, il écarquilla l’œil avant de le lire un nombre incalculable de fois afin de s’assurer qu’il ne rêvait pas. Pourtant, Aedan aurait pu s’en assurer autant de fois qu’il le voulait, son esprit ne voulut tout de même pas assimiler l’information. Alors l’œil brillant de larmes, la voix tremblante, il releva la tête vers Neyra qui avait toujours le jeune singe dans les bras pour lui poser cette fameuse question qui confirmerait ce qu’il venait de lire.

Son cœur battait si fort dans sa poitrine alors qu’elle se penchait vers lui. Ses paroles lui allèrent droit au cœur et sa paupière se ferma, laissant libre court à ses larmes qui dévalèrent sa joue. Il déglutit alors que Neyra expliquait à Hatsu la raison de ce changement brutal de situation. Un rire s’échappa quand elle parla d’un plus grand futon et de ses nuits agitées et il posa enfin son regard sur les deux êtres qui avaient égayé sa vie ces deux dernières semaines. Il lâcha ce document officiel et fondit sur Neyra et Hatsu, les entourant de ses bras.

« Je… Je ne sais pas quoi te dire, Neyra… » Il resserra son étreinte autour d’eux. « M… Merci... » Il lui donna un baiser sur la joue. « Mais je ne t’appellerai jamais ‘maîtresse’ ! » déclara-t-il en rigolant, alors que les larmes roulaient toujours sur son visage.

Il resta un instant ainsi avant de leur laisser un peu d’air et d’observer Hatsu, le regard pétillant d’amusement. Aedan le chatouilla, s’esclaffant. « Je vais plus jamais te laisser tranquille, toi ! Tu vas devoir me supporter jusqu’à la fin de tes jours ! » plaisanta-t-il.

Il le lâcha après quelques minutes de torture, le regard tendre avant de reporter son attention sur Neyra et lui demander : « Tu es sûre de ta décision ? Enfin… Je veux dire… Je pense que c’est mieux ainsi… Miyuki a beaucoup trop de choses sur le plateau pour s’occuper d’un asservi mais je ne veux pas être un poids pour toi, Neyra… »

Aedan était bien évidemment heureux de faire partie de cette famille mais il ne savait pas vraiment que penser. Se déciderait-elle aussi un jour de l’abandonner ? Il se savait objet et un objet n’avait pas le droit d’avoir des sentiments.

Hatsu attendait qu’on lui explique ce qu’il se passait parce qu’il ne comprenait pas tout mais c’était visiblement un moment important pour Aedan. Son regard passait de l’un à l’autre jusqu’a ce qu’enfin on lui explique, Aedan allait rester avec eux. Alors c’était ça les papiers ? C’était des papiers pour dire que Aedan appartenait à Neyra maintenant ? Super !

Il se blottit dans les bras du jeune homme content de la nouvelle, oui il était heureux qu’il reste avec eux. Aedan était gentil et puis comme ça Neyra pouvait un peu plus sortir et faire ce qu’elle voulait sans trop avoir à s’inquiéter d’Hatsu.

Hatsu qui se mit d’ailleurs à se tortiller quand l’humain le chatouilla. Il éclata de rire et se laissa tomber sur les coussins essayant de lui échapper. Quand enfin il le lacha Hatsu resta allongé quelques minutes à reprendre son souffle avant de se redresser en souriant.

Toi aussi supporter moi !

Il se sentait même assez à l’aise avec Aedan pour chahuter avec lui, comme avec un ami. D’ailleurs à son tour il le renversa sur les coussins et le chatouilla. Chacun son tour ! Il fit courir ses mains sur ses côtes tout en riant, juste heureux d’être là avec eux. D’ailleurs il ne le relâcha qu’au bout de plusieurs minutes.

 Suis content que toi reste beau gosse

Non il n’avait pas oublié leur jeu. Mais comme il ne comprenait pas la situation avant qu’on la lui explique il n’avait pas pensé à utiliser ce nouveau surnom. A présent cela lui revenait en tête et puis c’était un moyen d’obtenir un bisou alors c’était encore mieux ! Il se rassit sagement regardant Aedan avec un sourire amusé, il était vraiment très très heureux de le voir rester avec eux. Il aurait été triste de le voir partir, vraiment, il aimait jouer avec lui.

J'avais choisi, j'avais sorti la lettre et j'attendais, le petit singe dans mes bras, espérant de tout cœur qu'il soit heureux de ce qu'il pourrait libre. J'avais le souffle un peu en suspens, le cœur qui battait un peu plus …
Mais il comprit, et son regard … j'avais peur qu'il ne comprenne mal, qu'il n'ai peur d'un coup …. je ne savais pas, je restais un peu inquiète jusqu'à ce qu'il me pose la question …
Et oui, maintenant, Aedan était officiellement à moi … mais ce papier et cela … jamais je ne le considérerai comme un esclave, pas plus avant que maintenant. Ma main se posa sur sa joue, je voulais le rassurer et qu'il ne pleure pas, même si maintenant cela ressemblait plus à des larmes de joie. Il se mit à rire à ma petite blague et nous regarda un instant. Ma main, je l'avais laissé glisser de sa joue. Je le vis lâcher le document et fondre sur nous, nous élançant dans un gros calin de groupe qui me surprit un instant avant que je n'en savoure toute la douceur. Qu'il était bon de vivre ici depuis quelques jours … oui, j'avais fais ce qu'il fallait. Et Hatsu lui aussi profitait pleinement de cela. Il aimait les contacts et maintenant, il en avait double dose avec le jeune homme et moi.

« Je… Je ne sais pas quoi te dire, Neyra…  M… Merci... »

Son étreinte était plus forte mais bien sûr sans nous faire mal. Il avait toujours été doux dans ses gestes, j'aimais les calins que nous pouvions avoir ainsi, comme ça, n'importe quand ou alors que nous dormions. Je le sentis me faire un baiser sur la joue et cela me fit sourire.

« Mais je ne t’appellerai jamais ‘maîtresse’ ! »

J'avais un petit rire mais ce n'était pas du tout ce que je voulais. Je pris son visage avant douceur pour qu'il me regarde.

-Jamais tu m’appelleras comme ça. Je ne suis cela que sur le papier … tu ne m'appartiens que pour administration. Entre ses murs, tu peux et dois te considérer comme libre. Dans ma demeure, tu es libre Aedan …

Je posais un baiser sur son front avant de poursuivre :

-Je te l'avais dis … je veillerai sur toi, je ne te laisserai pas.

Puis, je le vis fixer le petit Hatsu et en un instant, les deux se retrouvèrent par terre, l'un en train de chatouiller l'autre, me faisait sourire et rire bientôt alors qu'ils s'amusaient. C'était tellement mignon …

« Je vais plus jamais te laisser tranquille, toi ! Tu vas devoir me supporter jusqu’à la fin de tes jours ! »

Le supplice du petit singe dura quelques temps avant qu'il ne le lâche et ne retourne à nouveau vers moi,

« Tu es sûre de ta décision ? Enfin… Je veux dire… Je pense que c’est mieux ainsi… Miyuki a beaucoup trop de choses sur le plateau pour s’occuper d’un asservi mais je ne veux pas être un poids pour toi, Neyra… »

Qu'il était … non pas agaçant … mais si peu sûr en ce moment. Cela se comprenait avec ce qu'il venait de vivre avec cette petite teigne de chat noir. Oui, même si je comprenais qu'il ait pu être bien avec lui … ce qu'il lui avait fait … c'était juste … une sale teigne. Il ne méritait pas tout l'amour qu'Aedan avait eu pour lui, tout ce qu'il avait pu faire pour lui.

-Tu ne seras pas un poids pour moi, ne penses plus jamais une telle chose. Tu es un membre de cette famille, aussi étrange qu'elle soit …

Une humaine qui est détestée d'une partie de la communauté … un asservi ainoko qui ressemble à un enfant et lui … oui c'était vraiment une famille plutôt étrangement assorti. Mais nous nous aimions, tous les trois …

Ma main revient se poser sur son visage, caressant avec douceur son visage :

-Et oui, je suis sûre de mon choix et je suis prête à affronter les dieux si besoin pour que tu puisses rester avec nous. La seule raison pour laquelle je te laisserais partir, c'était si tu le me le demandais. Tu es libre à mes yeux, dans cette maison, tu es comme moi, mon égal, mon cousin. ne l'oublies pas.

Je voulus poser à nouveau un baiser sur son front, comme un sceau inscrivant mes paroles dans le temps mais Hatsu se redressait à côté de nous, après avoir repris son souffle et se mit à sourire

Toi aussi supporter moi !

Et presque aussitôt, il le renversa à son tour pour se mettre à le chatouiller comme le jeune homme l'avait fait quelques secondes avant. Oui … nous étions décidément bien une famille et cela était on peut plus touchant … si doux à voir … Je m'étais rassise un instant pour prendre une gorgée de thé avant d'entendre des mots … un peu suspect .

 Suis content que toi reste beau gosse

Je relevais les yeux de ma tasse, un peu interrogative avant de dire, un brin … je ne savais pas trop en fait. Je répétais surtout ses mots ...

-'' Beau gosse'' ? Pourquoi tu l'appelles ainsi Hatsu ?

J'avais toujours le sourire même si je sentais venir un coup fourré … qu'est-ce qu'ils avaient bien pu inventer en mon absence. ?

Aedan n’arrivait toujours pas à y croire. Neyra avait tout fait pour qu’il lui appartienne et il avait les papiers devant lui pour confirmer la donation. Reverrait-il Miyuki un jour ? Il savait qu’il lui avait fait énormément de mal… Une fois qu’ils étaient sortis de la demeure de Momiji, il ne lui avait plus parlé, était retourné dans son mutisme et s’il prenait la parole, ce n’était que pour lui cracher à la figure. L’humain n’avait pas voulu lui faire de mal mais sa rancœur, sa peine, sa haine, toutes ces émotions avaient déréglé son jugement. Il s’était laissé sombrer, seul dans cette petite chambre avant de rencontrer finalement Neyra et qu’elle le prenne sous son aile, pansant les blessures de son cœur. Alors, il la remercia, plaisanta pour ne pas alourdir l’atmosphère avant de déposer un baiser sur sa joue et finalement les prendre tout deux dans ses bras.

Il la laissa caresser son visage, un sourire tendre apparaissant sur ses lèvres. Elle était tellement attentionnée. Pourtant, lorsque Neyra lui confia qu’il pouvait se considérer comme libre, il se figea. C’était inconcevable. Aedan ne savait plus ce que voulait dire ce terme et il lui faisait peur, il ne voulait pas y penser puisqu’il est si facile de se laisser emporter par l’engouement du moment pour finalement, s’engouffrer plus violemment encore dans les méandres de son âme. Il voulait garder les pieds sur terre, il se savait esclave et il le resterait toute sa vie. Alors, il préféra ne pas répondre, il la laissa lui parler, essayer de le rassurer. Aedan lui faisait confiance mais il avait été beaucoup trop de fois déçu pour ne pas rester rationnel.

Préférant penser à autre chose, il fondit ensuite sur Hatsu pour le torturer de ses chatouilles, son rire faisant écho à celui du singe. Mais il finit par le laisser respirer pour demander à Neyra si elle était sûre de son choix. Il avait pensé rester aux côtés de Momiji jusqu’à la fin de ses jours et pourtant, il se retrouvait loin de lui… Cette pensée lui serra le cœur, il reporta donc son attention sur la jeune femme. Un sourire triste étira ses lèvres lorsqu’elle lui dit qu’il n’était en aucun cas un poids pour elle. Son œil restait fixé sur son visage alors qu’elle lui certifiait une seconde fois qu’il était libre.

« Oui… je ne l’oublierai pas… » murmura-t-il d’un ton peu convaincant.

Sa vie avait pris un violent tournant. Si la chute sociale avait été terrible, Aedan avait réussi à s’adapter malgré tout. Auparavant, on avait ordonné, il avait exécuté. Il n’avait jamais eu besoin d’avoir une opinion propre, il se devait juste de suivre les ordres à la lettre mais depuis que Momiji l’avait abandonné, Miyuki lui avait laissé assez de liberté pour qu’il puisse faire ce que bon lui semblait. Neyra semblait vouloir faire de même et il n’arrivait toujours pas à s’y habituer. Le chat lui avait bien évidemment laissé faire ce qu’il voulait mais Aedan n’avait jamais oublié son statut d’asservi. Dans ses pensées, il ne remarqua pas Hatsu se redresser et fondre sur lui. L’œil écarquillé, surpris, il tomba à la renverse, se laissant torturer par le singe.

Ses pensées noires se brisèrent en milles morceaux alors qu’il riait à gorge déployée, se tortillant sous les chatouilles intempestives de ce vil ainoko ! Et lorsque ce dernier utilisa le nouveau surnom, il eut un moment de blanc et s’esclaffa davantage si cela était encore possible, se tenant le ventre sous un fou rire incontrôlable. Les larmes roulèrent sur sa joue, il n’en pouvait plus et avait du mal à respirer. Mais il finit par se redresser tandis que Neyra posait la question à mille pièces d’or. Essayant de se calmer, il se précipita vers Hatsu pour qu’il ne lui réponde pas, le prenant dans ses bras. Et comme les règles du jeu l’imposaient, il prit le visage du singe entre ses mains et l’embrassa comme il se devait. Certes, il ne s’agissait que d’un chaste baiser mais l’humain appuya ses lèvres un peu plus longtemps que les fois précédentes sur celles de son ami puisqu’il était heureux. Heureux de faire parti de cette famille.

Il le lâcha finalement, passant son pouce sur la bouche rougie du singe, avant de se tourner vers Neyra, fier comme un paon, un énorme sourire fendant son visage et dévoilant sa dentition. Une lueur plus qu’amusée brillait dans son œil alors qu’il lâchait.

« Parce que je suis un vrai beau gosse, voyons ! Quelle question ! » dit-il en rejetant la tête en arrière, passant sa main dans sa chevelure rousse comme s’il été le plus bel homme de toute l’île. Il essayait de retenir un nouveau fou rire alors qu’il gardait Hatsu dans ses bras, espérant fortement qu’il ne lui dise pas la vérité.

Pour Hatsu, « beau gosse » ce n’était qu’un mot, un jeu. Et il aimait jouer avec Aedan, bien sûr il ne se rendait pas compte de ce que cela pouvait impliquer il ne faisait ça que pour jouer, parce que c’était drôle et parce qu’il aimait bien les câlins, et les bisous.

Il regarda Neyra quand elle lui demanda pourquoi il appelait Aedan comme ça, est-ce qu’il avait le droit de dire que c’était un jeu ? L’humain ne lui avait pas dis si c’était un secret ou pas. Il se tourna alors vers lui, ne sachant pas trop quoi faire.

Heureusement après sa séance de chatouille il s’était vite remis avant de recommencer à rire de plus belle. Là Hatsu était un peu perdu, Neyra le questionnait et Aedan pleurait en riant. Le singe avait l’impression de ne pas comprendre quelque chose de drôle mais il ne voyait absolument pas quoi. Trop innocent il ne comprenait rien et pour lui appeler Aedan beau gosse c’était comme l’appeler par n’importe quel autre surnom alors pourquoi cette sensation que quelque chose lui échappait ?

Mais l’humain vint rapidement à son secours et se redressa pour l’attirer dans ses bras avant de poser ses mains sur ses joues et de l’embrasser. Hatsu se laissa faire, ravi, avant de lui faire un grand sourire. Pour lui ce genre de bisou ce n’était pas différent d’un bisou sur la joue, il ne comprenait pas encore ce qu’il pouvait y avoir derrière ce genre de geste. Et puis il se souvenait une fois avoir surprit Neyra en train de faire ça avec un homme qu’il n’avait pas trop aimé et qu’elle lui avait présenté comme un ami. Donc Hatsu en avait conclu que faire ça avec un ami c’était parfaitement normal et Aedan était son ami, donc il pouvait lui faire ce genre de bisou. C’était parfaitement logique non ? Malheureusement un jour avec ce genre de logique innocente il allait s’attirer des ennuis, heureusement qu’il ne sortait encore jamais seul de la boutique.

Et c’est finalement Aedan qui répondit à la question de Neyra, Hatsu toujours dans ses bras le regarda faire en souriant et se mit à rire de bon coeur. Il trouvait vraiment l’humain drôle et il aimait rire avec lui. Il était bien ce nouveau jeu.

Oui Aedan  beau gosse, pas d'accord Ney ?

Il ne comprenait pas vraiment pourquoi cela semblait surprendre la jeune femme. Peut être qu'elle ne connaissait pas le jeu ? C'est vrai qu'elle ne lui en avait jamais parlé, peut être que Aedan allait lui apprendre aussi ?

Quand je l'avais entendu me dire qu'il m'appartenait, cette phrase avait eu deux effets un peu contraire en moi. Une profonde joie, qu'il comprenne la situation, cette situation pour laquelle je m'étais battues, pour laquelle j'avais du longuement argumenté et négocié. Miyuki aimait profondément ce jeune homme, elle se sentait responsable de son état et n'avait pas voulu l'envoyer dans les ''bras'' de quelqu'un qui pourrait lui faire du mal. Elle avait peur d'empirer encore la situation qu'elle avait créer. La pauvre jeune fille semblait si fragile. Aedan semblait ne pas avoir été le plus tendre aussi … après tout, il avait sans le chercher, participé à cela, à cette chute qui maintenant se terminait dans ma demeure, dans ce foyer doux et accueillant.
Mais l'autre effet fut celui d'une peine que je cachais. Ses mots étaient ceux d'une personne qui se savait esclave. Appartenir à quelqu'un … si j'avais pu le libérer, j'aurais brûlé sans hésiter ses papiers. Je n'avais pas peur de le perdre, ce n'était pas cela qui pouvait m'inquiéter non … pour prendre soin des autres, il fallait leur laisser faire ce qui souhaitait. S'il voulait partir, il saurait de toute façon que ma porte lui serait toujours grande ouverte, quoiqu'il arrive, il serait le bienvenue chez moi.
Mais alors, je précisais. Oui, ici, dans ses murs, il était libre. Dehors, je devrais lui ouvrir un insigne mais ici … il était mon égal. Comme je n'avais jamais demandé à Hatsu de m’appeler Maîtresse. Non, j'étais incapable de faire cela, d'être une maîtresse exemplaire … j'étais si loin de cela …
cependant, alors que je pensais lui offrir une bonne nouvelle en lui disant qu'il pouvait être libre dans le Fukurou no Hane, je le sentis se figer, comme si … comme s'il avait peur de cela. Ça ne dura qu'un instant mais assez pour me marquer. Il voulut ne pas le montrer, me laissant poursuivre avec le sourire.

« Oui… je ne l’oublierai pas… »

Mais il semblait encore un peu hésitant, un peu inquiet. Je ne savais dire d'où je sentais cela mais ça se trahissait dans sa voix. C'était peut être trop depuis ce qu'il s'était passé chez Momiji. Tout s'était enchainé à une vitesse affolante, sans lui donner le temps de pouvoir respirer. Mais maintenant il en aurait le temps, il aurait le temps de finir de se réparer, de se remettre, d'être à nouveau entier, d'être heureux, tout simplement. Cela prendrait le temps qu'il faudrait mais je serais là pour lui.
Et avant que je ne puisses rajouter quoique ce soit les deux tombèrent à nouveau au sol, Hatsu chatouillant mon cousin. Ils étaient vraiment trop mignon tous les deux. J'en avais profité pour me réinstaller à la table, pour savourer une nouvelle gorgée de thé avant d'entendre Hatsu dire quelque chose de très étrange. Je posais la question qui semblait un peu perdre Hatsu qui se tourna vers un Aedan au bord de l'asphyxie, les larmes aux coins des yeux … pourtant, alors que j'attendais une réponse de l'un des deux, histoire de pouvoir m'y retrouver. Aedan fondit sur Hatsu, l'attirant contre lui, lui prit les joues entre les mains … pour l'embrasser ?!?!
Je manquais de m'étouffer avec ma gorgé de thé, toussant pour pouvoir à nouveau respirer alors qu'il semblait l'embrasser avec une certaine … enfin c'était bien étrange … Alors là … non, je restais figée dans la surprise, mes grands yeux attendaient une explication du jeune homme, ou de l'autre, de l'un des deux mais là tout de suite, j'avais qu'on m'explique ce qu'il s'était passé …. et … tout ça !
Je n'étais pas en colère, on était loin de ça quand même mais sincèrement là, j'étais vraaaiment perdue … et ce petit clown riait de toute ses dents …

« Parce que je suis un vrai beau gosse, voyons ! Quelle question ! »

Et il était fier de lui. Aaaah, je sentais dejà venir des moments désespérants. C'était … Hatsu était un enfant. Je soupirais doucement, respirant histoire de retrouver un peu d'air dans les poumons. J'avais un sourire un peu résignée, je ne savais pas trop. Je me tournais vers le petit qui se tenait dans les bras d'Aedan alors que celui ci s'apprêtait à repartir dans un fou rire, entrainant le petit singe dans la foulée. Je baissais la tête, riant aussi avant de dire :

-Qu'est-ce que vous allez pas me faire vous … ?

Oui Aedan  beau gosse, pas d'accord Ney ?

Sa candeur était tellement désarmante … mais j'arrivais pas à en comprendre la logique là …

-Oui … mais non … enfin si Aedan est très mignon mais …

Je me tournais vers Aedan, un peu désemparée. Est-ce qu'il pourrait pas avoir une raison un peu plus précisé ? Qu'est-ce que les deux avaient bien pu trafiquer pendant mon absence enfin. Je savais Aedan un peu taquin mais là … c'était bien trop étrange comme jeu.

-Aedan, tu peux m'expliquer pourquoi tu l'embrasse ainsi ?

J'avais l'impression qu'Hatsu ne comprenait pas le geste … et s'il faisait ça à un client de la boutique, ou dehors ? Oui, ça m'inquiétait même si cela avait un coté assez comique, je ne pouvais le nier.
Je pressentais venir le temps des questions un peu particulière avec le jeune homme … le genre de question auxquelles je ne pensais répondre un jour qu'à mon enfant … oui, nous étions bien une famille très étrange.

Aedan ne voulait plus penser à son statut d’asservi, il ne voulait plus penser à Momiji. Il voulait effacer ce passé de sa mémoire même s’il savait que c’était impossible. Il avait toujours réussi à se souvenir de tout, son esprit retrouvait certaines scènes dans les moindres détails et si cette capacité l’avait aidé ces dernières années, elle ne lui apportait à présent que tristesse et mélancolie. Son cœur n’avait toujours pas guéri, il était toujours aussi lourd, brisé, piétiné. Le chat n’avait pas été le seul à l’écraser, Aedan en avait remis une couche. Il ne voulait plus ressentir un quelconque sentiment à son égard. Il avait beau recommencer une nouvelle vie auprès de Neyra et Hatsu, il lui faudrait encore beaucoup de temps pour s’en remettre. Toutefois, pour ne pas les inquiéter, il continuait de leur sourire, de les prendre dans ses bras, d’échanger les étreintes qui calmaient son âme le temps de les avoir près de lui. Mais dès qu’ils s’endormaient, dès qu’il se retrouvait seul, le sourire qu’il gardait toujours sur le visage s’étiolait, disparaissait, ses tourments revenant le hanter sans aucune raison.

À cet instant, tandis que Neyra lui expliquait qu’il était libre à ses yeux, sa peine refit rapidement surface. Les muscles de son visage se détendirent, affichant à présent ce qu’il ressentait depuis qu’il avait quitté la demeure de Momiji en compagnie de Miyuki. Pourtant, il se reprit bien vite puisqu’il ne voulait pas que sa nouvelle famille s’inquiète, parce qu’il les avait enfermés dans son cœur en ruines. Ces deux êtres l’aidaient peu à peu à se reconstruire mais il savait qu’il aurait encore besoin de plusieurs mois, voire de plusieurs années, afin de sentir à nouveau entier.

Ainsi, lorsque Hatsu l’appela par son nouveau surnom, il ne put s’empêcher de rire à pleine gorge tandis qu’il voyait le visage de Neyra. Elle ne comprenait bien évidemment pas ce qu’il se passait mais Aedan voulait justement qu’elle reste encore un peu dans le flou. L’humain finit par attraper Hatsu pour l’enfermer dans ses bras et l’embrasser. Ses rires redoublèrent d’ailleurs quand la jeune femme s’étouffa presque avec son thé avant qu’il ne déclare avec toute modestie qu’il était normal que le jeune homme l’appelle ainsi. Se calmant quelque peu, il posa sa joue sur l’épaule du singe et referma ses bras sur son ventre tout en regardant Neyra de son œil amusé. Il s’esclaffa à nouveau devant tant d’innocence. Comment ne pouvait-on pas aimer cet être si candide ?

Aedan savait qu’il n’arrangeait pas les choses, il utilisait l’innocence d’Hatsu mais il savait ce qu’il faisait. Il ne le laisserait sans doute pas dans le flou et lui expliquerait en détails les conséquences d’un tel jeu. Il n’avait pas peur de devoir s’étendre sur des sujets un peu trop intimes. Ils avaient presque le même âge, il fallait bien un jour qu’il se rende compte des relations entre adultes, non ? L’humain sourit en voyant Neyra si désemparée. Il savait qu’il lui devait une explication. Aedan déposa un baiser dans la nuque du singe et posa son menton sur son épaule. Une pointe d’amusement dans la voix, il lui répondit simplement.

« Je l’embrasse comme ça parce que j’aime bien embrasser les gens ! Enfin… toi c’est un peu différent… Ce s’rait un peu bizarre parce que t’es ma cousine mais bon… » Il souffla dans le cou du singe. « Je pense qu’Hatsu aime bien mes bisous d’ailleurs ! » déclara-t-il un immense sourire sur les lèvres. Une lueur taquine brilla au fond de son œil. « Et surtout… parce que je voulais voir ta tête aussi… J’trouvais ça drôle ! » Reportant son attention sur l’ainoko dans ses bras, il poursuivit : « Au fait, ce jeu-là, Hatsu… C’est qu’entre toi et moi, hein ? Va pas faire ça avec n’importe qui ! D’accord ? »

Doucement, il caressa les cheveux du singe et posa son œil sur Neyra.

« Promis si Hatsu a des questions bizarres, j’m’en occuperai si tu préfères… Pour me faire pardonner ! » Il pinça ses lèvres pour ne pas mourir de rire à nouveau. « Je pourrais même lui montrer s’il veut… »

Sur ces mots, il s’esclaffa, tellement amusé. Il allait s’en prendre une, c’était certain.

Hatsu était loin de comprendre pourquoi son jeu avec Aedan avait provoqué cette réaction chez Neyra, pour lui c’était un jeu innocent, avec juste un bisou en récompense parce que Aedan était son ami. Il n’était pas encore au stade d’imaginer la signification que pouvait avoir ce genre de bisou. Il n’était pas non plus au stade d’imaginer les relations entre adultes. Pourtant il fallait bien que les enfants vienne de quelque part mais il ne pensait pas vraiment à ces choses là.

Il restait sagement dans les bras d’Aedan parce qu’il l’aimait bien et qu’il aimait ses calins, tout comme il aimait ses bisous. Il l’écouta parler à Neyra et hocha vivement la tête quand l’humain dit qu’il aimait ses bisous. Par contre que Aedan lui dise de pas faire ça avec n’importe qui l’étonna. Pourquoi il ne pouvait pas ? A moins que ça se fasse qu’avec ses amis ? Dans ce cas oui il ne pouvait pas faire ce genre de jeu avec tout le monde c’était normal. Mais s’il se faisait d’autres amis alors il pourrait non ?

Pourquoi ? Peut faire qu’avec ami ? Ney aussi fait bisou avec ami

Bien sur il faisait référence à la fois ou, en descendant dans la boutique après avoir attendu le retour de Neyra, il l’avait trouvé dans les bras d’un garçon en train de l’embrasser. Et elle lui avait dit que c’était un ami donc avec les amis on pouvait faire cela. Logique.

Par contre il ne comprit pas ce que Aedan voulait dire par questions bizarres. Quelles questions bizarres ? Pour le moment il n’en avait aucune mais cela viendrait surement bien assez vite et il fut encore plus intrigué quand le jeune homme proposa de lui montrer.

Aedan montrer quoi à moi ?

Car bien sur il n’avait absolument pas comprit le sous entendu. Qu’est ce que Aedan pourrait lui montrer maintenant il se posait la question et il avait envie de savoir de quoi il pouvait bien parler.

Moi veux savoir

Je crois que je m'étais attendu à beaucoup mais pas à ça … pas à ce qu'Aedan embrasse ainsi le jeune singe, qui d'ailleurs trouvait visiblement ce geste sympathique … enfin, il n'était ni surpris, ni étonné alors que la première fois qu'il m'avait vu embrassé quelqu'un … ça s'était pas passé de la même manière dirons nous. Mais là, non, juste des rires et de la tendresse, j'avais une tête, entre l'envie d'exploser de rire et le désespoir des bêtises qu'ils pouvaient me faire. Oui, j'étais perdue, et la candeur d'Hatsu ne m'aidait pas.
Encore moins le rire d'Aedan alors que je laissais tomber ma tête un peu en avant. Oui, c'était étrange, bizarre mais pour rien au monde, je ne voudrais que dans un sens, cela change. Ils étaient ma famille. Ma très étrange et improbable famille maintenant mais je les aimais, du fond de mon cœur … je relevais la tête pour voir le petit singe dans les bras d'Aedan, comme un chat contre sa mère, tout bien heureux. Ils étaient si mignon que je ne pus m'empêcher de sourire à mon tour, un petit sourire amusé alors qu'il me répondait.

« Je l’embrasse comme ça parce que j’aime bien embrasser les gens ! Enfin… toi c’est un peu différent… Ce s’rait un peu bizarre parce que t’es ma cousine mais bon… »

-Naaan, oui, on va éviter quand même ! dis-je dans un éclat de rire.

« Je pense qu’Hatsu aime bien mes bisous d’ailleurs ! »

Et la réaction du petit singe me fit soupirer, il était tellement désarmant. Son sourire pourrait faire fondre n'importe qui, même le sale bouc ...

« Et surtout… parce que je voulais voir ta tête aussi… J’trouvais ça drôle ! »

-P'tit monstre va … lui lançais-je toujours avec un petit sourire

« Au fait, ce jeu-là, Hatsu… C’est qu’entre toi et moi, hein ? Va pas faire ça avec n’importe qui ! D’accord ? »

Bon, au moins, il tentait de lui faire comprendre cela mais bon, si un jours, une jeune fille voulait l'embrasser, le garçon comprendrait-il ? Je les regardais alors qu'il lui caressait les cheveux, je souriais doucement, je savais qu'il adorait ça, c'était comme caresser le cou d'un chaton, il aurait pu ronronner s'il le pouvait …

Pourquoi ? Peut faire qu’avec ami ? Ney aussi fait bisou avec ami

Sur le coup, je me figeais, surprise avant de sentir mes joues un peu rouge. Il parlait de qui là … plusieurs noms me vinrent à l'esprit avant que je ne repense à ce dragon des eaux … et l'humain qui le portait. Elupidio … je lui avais dis que c'était un ami … mais quelle idiote j'étais !! Ahlala, j'aurais vraiment été une mère épouvantable …

-Oui mais c'est pas la même chose Hatsu …

Je me tournais aussitôt vers Aedan, levant le doigts vers lui avant de dire :

-Pas de question, je te raconterai ça une autre fois …

D'ailleurs … que devenait le jeune homme poursuivit par les gorilles. J'espèrais parfois qu'il passe la porte pour venir faire retoucher ton tatouage, qu'il passe pour que je puisse avoir de ses nouvelles et qu'on discute. Je me surprenais souvent à le chercher dans la foule et à fixer toutes personnes lui ressemblant, lui qui cherchait son petit frère … j'avais été même une ou deux fois aux marchés mais je ne l'avais jamais vu …

« Promis si Hatsu a des questions bizarres, j’m’en occuperai si tu préfères… Pour me faire pardonner ! »

-Naaaan, j'aurais trop peur de ce que tu pourrais lui dire !

« Je pourrais même lui montrer s’il veut… »

Et il riait comme un bossu, je le fixais, d'un regard un peu malicieux avant que je ne murmures …

-Roooh toi …

Je me relevais, me rapprochais d'eux avant qu'Hatsu ne pose encore une fois une question avec son grand regard si mignon

Aedan montrer quoi à moi ?

-Des bêtises, que des bêtises, hein grand bêta !

Et alors, je fondais sur lui, commençant à le chatouiller, je voulais me ''venger'' et surtout le faire taire, je le chatouillais avant d'entendre à nouveau Hatsu. Décidément, il voulait pas lâcher le morceau !

Moi veux savoir

Alors, en riant, je le pris contre moi et le chatouillais aussi, avant de reprendre sur Aedan … je les chatouillais tout les deux, entre des petits calins avant de me laisser tomber sur le sol à côté d'eux, le souffle court, le cœur battant et le sourire aux lèvres. Un instant de silence avant que je ne prenne à chacun une de leur mains et leur dise :

-Si vous savez comme je vous aimes vous deux, malgré tout ce que vous me faites subir.

Ce n'était en rien un reproche, au contraire. La vie à leur côté était douce, insouciante et heureuse. Que pouvais-je demander de plus ? Je les regardais, l'un l'autre, respirant pour reprendre un peu pied dans le monde … même si ici, nous n'étions que dans notre monde, juste notre monde.